La veilleuse (Love after Love)

Huile sur toile
50 x 70 cm - 2024

La veilleuse (love after love) est l’histoire d’une conquête intime, d’un trésor inattendu, trouvé sur un chemin que je ne pensais pas prendre, dont j’ignorais l’entrée, dérobée comme elle l’était, derrière le mur des modèles familiaux qu’il a d’abord fallu abattre. C’est l’histoire d’une redistribution silencieuse du paysage intime.
Je n’ai jamais trop versé dans les concepts d’enfant intérieur, et le célèbre « prendre soin de soi » a toujours eu l’allure d’une charade opaque dont je n’aurai jamais la clef. Je n’arrivais même pas à imaginer ce que cela pouvait bien être, et si je m’y essayais, c’était avec le ridicule d’un mauvais mime. Un énième jour de désarmement ( froid, fatigue, charge ), j’eu l’envie exacte d’être portée de la voiture au lit, d’y trouver un drap propre et une veilleuse douce. Et pour la première fois, j’ai compris que c’était mon job de le faire. 

Je ne pipe toujours pas vraiment l’enfant intérieur. Ce que j’ai appris à être, par contre, c’est ma propre daronne.
C’est une sorte nouvelle de calme. Je prends les choses à faire comme des choses à faire , sans la fanfare de fictions éreintantes qui l’accompagne habituellement, comme si j’étais en confiance en ma compagnie, souveraine.
C’est une intention évidente, manger boire dormir se laver, et énoncer ce qu’il me faut pour conjurer l’angoisse ou ou la déception.
J’emmène la gamine en moi au lit, et je vais la border chaudement, demain à l’aube je lui ferai un café. Je la prendrai par la main pour franchir la porte propre et prête , je lui chuchoterai de faire une sieste si elle patine , de prendre l’air si elle étouffe , je lui lirai une histoire , je glisserai ma main sur son cœur pour le sentir battre.

- Rouge Hartley